La poire melon

Les bacs de culture

1 - La culture

Nous avons découvert cette plante au détour d’une allée dans une jardinerie bien connue de tous. Le vendeur semblait très enthousiaste quant à sa possible culture sous serre. Cela me paraissait très peu probable, pour une plante d’origine tropicale, ayant besoin d’un minimum de chaleur, mais bon, les 2 plants restants étaient très jolis et ne demandaient que soins.

Dans notre serre destinée aux tomates, aubergines, concombres et poivrons, nous élevons nos plantes en bacs de culture. Ils sont gérés comme des buttes de permaculture. A l’automne, on les remplit de morceaux de bois en décomposition au fond, puis 3 couches successives de foin/tonte, et enfin 15 cm de composte de BRF, un terreau noir et très riche, pour la plantation, et nous laissons les vers de terre remonter du sol pour faire leur travail de décomposition de toute cette matière pendant l’hiver.

Lors de mes recherches d’informations sur internet, je suis très surpris par le peu de vidéos qualitatives sur cette culture. On voit beaucoup de jardiniers la présenter, la planter, mais très peu montrent cette plante volubile portant de beaux gros fruits à maturité.

Nous sommes fin juin, et nous trouvons 2 places au bout d’un bac, situé plein sud. Les deux petits plants se développent très vite, beaucoup plus vite que les tomates, qui font partie de la même famille, les solanacées. Nous nous rendons vite compte de l’incroyable expansion de la plante et que l’espacement de 40 cm entre les 2 pieds va leur laisser peut de place. La poire-melon est vraiment très buissonnante, elle envoie des branches tout azimut, chargées de nombreuses feuilles. Alors, comme préconisé sur la fiche technique, elle est taillée sévèrement sur les côtés, allègée et aérée au centre et tuteurée en hauteur.

20211101 fleurs

Fin juillet, les premières fleurs arrivent, énormément de fleurs qui ne quitteront plus la plante jusqu’à fin novembre. Elle continue d'en produire alors que ces premiers fruits grossissent. Ils se forment assez rapidement, par grappe de deux ou trois. L’expérience nous apprendra qu’il vaut mieux ne laisser qu’un seul fruit, le plus gros, et supprimer les autres. En effet, on pourra constater que les fruits isolés sur leur branche deviennent vraiment énormes ! Au début, et pendant leur croissance, ils sont tout verts et prennent la forme d'une poire à l'envers, car la partie pointue est vers le bas. Puis apparaissent des zébrures verticales violettes tout autour du fruit.

Nous sommes en Normandie, dans la presqu’île du Cotentin, pas vraiment réputée pour ses journées ensoleillées. Cependant, à l’automne, nous commençons à voir un changement de couleur. Le vert originel se colore progressivement en orange. C’est le signe de la maturité du fruit.

Un fruit presque mûr

2 - Première récolte!

Très tendre, le fruit se coupe encore plus facilement qu’un melon, car sa peau est fine et non résistante. L’intérieur est aussi orange que le melon, et cache de très petits pépins. Nous mangerons les premiers en novembre, trop tôt ! Celui ci ne sera pas assez sucré, et présentera un goût astringent, pas agréable du tout. 

Avec l’expérience, nous attendrons plusieurs journées de soleil pour que le fruit fasse son sucre, et quand il commence à ramollir sous la pression du pouce, c’est bon. Le goût du fruit est différent en fonction de sa maturité, mais ce qui est sûr, c'est que plus c'est orange, plus c'est sucré!

Le second a été récolté en janvier, bien mûr, très juteux et vraiment délicieux. Trop fier, j’ai fait une petite vidéo, le jour de sa dégustation dans la serre. Le goût est particulier, car il y a une note dominante de melon, mais aussi de mangue et de banane avec un arrière goût de tomate.

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IMG20220401113338Pendant tout l’hiver, certains fruits continuent de mûrir, d’autres attendent peut-être des jours meilleurs. L'atmosphère relativement humide de la serre, la chaleur et des arrosages bien réguliers semblent fortement lui convenir. Pour en avoir discuté avec différents jardiniers ayant essayé sa culture, une terre aride et un air trop sec font végéter la poire-melon qui n'offrira aucun fruits voire aucune fleur.

Il faut noter tout de même que cette plante est gélive. Il faudra donc la laisser en pot, avec un substrat riche, pour la remiser à l’abri du gel. Chez nous les températures minimales n’ont pas dépassé les -3 degrés, la poire-melon était donc bien protégée sous la serre, mais a perdu une partie de ses feuilles pendant l'hiver.

Un autre point, positif celui là, est que la poire-melon n'est pas sensible au mildiou. Elle a poussé à côté de 15 pieds de tomates que nous avons eu bien du mal à sauver cet été, sans l'ombre d'une seule tache sur ses feuilles.

En Mars, alors que les premiers bougeons apparaissent, nous effectuons une taille d’aération et de nettoyage des parties boisées ou mortes. C’est assez incroyable de voir le nombre de fruits restants sur la plante. Il y en a plusieurs qui sont très gros (environ 310g), mais encore verts. Nous ne savons pas s’ils peuvent mûrir au printemps ou s’il faut les couper.  Nous décidons de prélever les derniers fruits pour favoriser la floraison de la plante.

Quelques photos de l'évolution des fruits sur 1 saison.

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3 - Reproduction

IMG20220401120438Bien évidemment, nous n'avons pas pu nous empêcher d'extraire et sécher quelques graines. On en trouve une petite vingtaine par fruit, aussi petites et discrétes que les graines des tomates. Quelques semis seront expérimentés au printemps prochain. A noter que la plante peut aussi se bouturer facilement.

La poire-melon est donc une vraie découverte. Voir tous ces gros fruits qui continuent de se développer pendant l'hiver, à une periode ou le jardin n'offre plus grand chose, est très motivant pour en prendre grand soin. Le printemps s'installe doucement et nous avons déjà hâte de voir ce que nos 2 pieds produiront cette année.